
« On habite tous ensemble, on cultive nos légumes, on ne tond pas le gazon, on se partage quelques voitures… Il y a des gens qui pensent qu’on est une secte ! »
« On habite tous ensemble, on cultive nos légumes, on ne tond pas le gazon, on se partage quelques voitures… Il y a des gens qui pensent qu’on est une secte ! »
À ma propre demande (je m’ennuyais), c’est le retour de « Rose-Aimée dérange des inconnus sans les prévenir parce qu’elle trouve leur maison intéressante ».
Les résidants de Waterville peuvent faire de l’autocueillette, des promenades familiales et des explorations sonores en forêt, ces jours-ci. Pas de quoi écrire une chronique, vous me direz ! Oui, mais non. C’est que ces activités auront lieu dans la cour privée d’un de leurs voisins…
Vous vous demandez à qui appartiennent les casseroles, le divan, le tableau acheté lors de votre premier voyage à deux… Difficile de retenir les souvenirs. De ne pas penser au jour où vous avez pourtant défait vos boîtes ici, heureux.
Quand l’artiste Linda Vachon a pris possession de la maison familiale, elle s’est promis de ne jamais en effacer ses parents. De les faire exister malgré l’absence.
Le plancher de la salle de bains est couvert de tapis bleu royal. Les rideaux bruns arborent des motifs de fleurs orange. Les armoires de la cuisine sont d’un pastel qui s’approche du saumon… La décoration de cette maison n’a pas de commune mesure.
Une mère est agenouillée au sol pour boutonner le manteau de son enfant quand, soudain, il s’appuie contre elle. Elle perd l’équilibre et bascule vers l’arrière. Elle éclate de rire en tombant.
La maison est située dans un quartier en vogue de Montréal. Ses fenêtres ont une forme étonnante et sa devanture est ornée de joyeux dessins peints à même la brique. Je me suis souvent demandé qui pouvait bien habiter un espace si singulier…
« J’ai dû faire mes adieux à mon quartier parce que la nouvelle propriétaire voulait augmenter les loyers. J’avais le cancer, à ce moment-là. Mettons que recevoir une lettre à l’hôpital comme quoi on est évincé, c’est assez dur à vivre… Tout le bonheur, toute la beauté de mon quartier, toute la beauté des gens qui y habitent ; je vais vraiment m’ennuyer de mon village. »
Je n’ai hérité d’aucun don surnaturel et j’ai très peu de certitudes dans cette vie. Je suis tout de même convaincue qu’il y a chez vous un placard un peu bordélique. Et qu’au fond de ce placard se trouvent quelques boîtes de cossins que vous traînez de déménagement en déménagement sans jamais vraiment les ouvrir.
On peut y refaire la déco complète d’une pièce pour quelques centaines de dollars.
« Ma mère est morte subitement, m’a écrit une certaine Marie. De matériel, je n’ai que sa tasse couleur volcanique. Lorsque j’ouvre mon armoire et qu’elle est sur la tablette, je dis un beau bonjour à mère. Je bois dans la même tasse qu’elle. »
L’appartement est luxueux. Chaque objet qui le décore a été soigneusement choisi ; les paysages encadrés, les tapis ornementaux, la lampe en verre soufflé, la porcelaine. La personne qui habitait ici — et qui est peut-être même morte ici — avait bon goût.